Buvant du thé oolong, écoutant Dire Straits, la soirée s'écoule paisiblement
F. a sorti du grenier et remis en service la platine de notre jeunesse
A. vient de traverser la France, ensemble nous passons de vieux vinyles
Lisant sur la musique des poèmes taoïstes âgés parfois de mille ans
Vis cet instant, souffle l'âme d'un perse hédoniste, cet instant c'est ta vie
Essayant de saisir l'épiphanie, je reprends un peu de thé
Le temple dans les pins
dans le temple de montagne prenant le frais par une nuit d'été
avec un moine, accroupis sur le perron en pierre
deux ou trois éclairs, la pluie est sur le point de tomber
sept ou huit étoiles encore dans le ciel
le vêtement trempé de sueur momentanément on pose l'éventail sur la table
de temps à autre quand il remue l'eau puisée au torrent monte le parfum du thé
toute la nuit je l'écoute m'expliquer l'essence du soûtra du Lotus
au lieu d'emprunter la fenêtre sous les pins pour y dormir tout mon soûl
Lu Yen yang
composé dans la galerie froide et belle du temple Eau et lune
la porte secrète du petit temple est dans un sentier escarpé
entourant le corps, entourant le visage, de toute part les nuées et les fumées
l'avant-toit bas, très bas, et niché sous des arbres bas, très bas
des arbustes nains, petits, tous petits, des fleurs petites, toutes petites
voilà la bibliothèque où on lit les soûtras
au-delà de la forêt de bambous, quelques maisons
les moines de la montagne en riant disent savoir que j'ai soif
ensemble ils se lèvent pour accueillir leur hôte et faire bouillir du thé
Yang Wan li
journée d'été, inscrit sur la cellule du vénérable maître Yi
dehors la poussière vole dans la chaleur dense de l'air
dans la cour il fait aussi frais que dans la montagne
il est plaisant de préparer le thé dans un endroit aussi accueillant
des bambous épars devant la cellule, du vent plein le lit
Li Chung
au temple Ch'ung yi, divers poèmes
dans la petite cour le vent est clair les orangers exhalent leurs fleurs
l'ombre du mur a légèrement tourné, le soleil décline
de la sieste je viens de me réveiller, les livres me sont sans saveur
appuyé tranquillement à la balustrade je me rince la bouche avec du thé amer
Wen Cheng ming
TAO, poèmes traduits du chinois par Cheng Wing fun et Hervé Collet, Ed. Moundarren, 1994
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