05 septembre 2003

Voies

Soit un Cercle.
Le centre du Cercle est la Connaissance ultime, la Sagesse absolue, le Nirvana, le Paradis… Les mots ne manquent pas pour le décrire même si bien peu savent vraiment de quoi ils parlent.
Nous sommes sur la circonférence du Cercle.
Chacun des endroits où nous nous trouvons est différent des autres : autour du Cercle sont toutes les cultures et croyances des hommes.
De chacune de ces cultures partent des rayons qui conduisent vers le centre du Cercle, quelque soit le nom donné à ce centre.
Certains de ces rayons sont complets : ils vont bien jusqu'au centre. Cela ne veut pas dire que ceux qui s'y aventurent font à tout coup tout le voyage mais c'est possible.
D'autres rayons sont brisés : on les emprunte en croyant pouvoir progresser et ils conduisent vers des impasses.
Certaines cultures, particulièrement matérialistes, offrent moins de rayons que d'autres qui sont tournées depuis longtemps vers le développement spirituel. Ou bien leurs rayons sont brisés. Parmi ces rayons brisés, par exemple : le sport pour lui-même, la consommation de biens matériels, l'usage des drogues, la connaissance technique séparée de son substrat humain, pour parler de choses que nous pouvons observer facilement. Sont brisés évidemment tous les rayons bricolés par de faux maîtres, créés de toute pièce par des escrocs, par des mal comprenants divers, plus ou moins honnêtes.
Dans le langage codé de la Bible, on les appelle idoles et veaux d'or, ces faux dieux, ces rayons brisés.
D'autres cultures proposent des rayons authentiques. La sagesse grecque, qui, Occidentaux, nous fonde, rencontrant la mystique juive, produisant la chrétienté judéo-grecque, formule peut-être plus juste que judéo-christianisme, nous offre des rayons sûrs, des Voies de sagesse éprouvées, de Diogène le radical à Ignace de Loyola le mystique, de Socrate, l'accoucheur méditant, à maître Eckart, le bouddha chrétien. J'en passe et des meilleurs.
Mais ces traditions sont-elles vivantes ? Où les trouver, pauvre pèlerin ? Où sont les forêts des premiers bouddhistes ? Où sont les Maîtres vivants ? Ma lampe est bien faible et je cherche dans la nuit et le vent…
Pour ma part, voici ce que j'ai fait : éduqué dans une tradition catholique ouverte et sociale, j'ai trouvé une limite dans la pratique quotidienne, dans la vie de tous les jours. C'était un rayon sans dimension thérapeutique. On pouvait suivre ce qui était proposé en allant très mal et ça ne posait de problème à personne. Aussi j'ai eu l'immense chance de rencontrer un autre rayon authentique, créé il y a 2500 ans en Inde par celui qui allait devenir le « Bouddha de notre temps », une Voie qui s'adresse à l'intelligence de l'homme, qui accepte son sens critique, qui prend en compte l'évolution d'une vie, qui refuse les excès, qui intègre méditation et travail intellectuels et méditation « contemplative ».
Après quelques années, j'ai voulu croire que je pouvais trouver dans la pensée occidentale ce que je cherchais. Pourquoi aller chercher ailleurs ce qu'on a peut-être sous la main ? Espérant renouer avec le monothéisme de mes ancêtres, à la poursuite d'ésotérisme certes instructifs, mais un peu vain, je me suis égaré, j'ai fini par tourner en rond.
Voilà que le thé me ramène doucement au bouddhisme. Il n'y a pas de hasard : quand le disciple est prêt, le maître vient, dit-on.
Quand on prend le thé au sérieux (mais pas trop : justement), il se passe quelque chose. Et personne ne connaît la réalité ultime du centre du Cercle.
Aussi, amis, chacun sur notre rayon, notre Voie, notre Do, enrichissons-nous mutuellement, dialoguons. En Cercle, autour d'une tasse de thé, of course.
Ecrit pour le Cercle du Thé

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