Dans cette caverne, un ordre, dans une apparence de désordre, me donne un faible sentiment de sécurité : l'emplacement de ma boite à thé est ici, pas ailleurs ! Mes allumettes sont glissées sous mon manteau ; telle brindille sèche sera mise aux flammes tout à l'heure ; je sais jusqu'à quel point mes brandons incandescents peuvent s'écrouler du côté de mes bottes, pas au-delà, vue l'exiguïté du campement. (p. 40)
J'ai froid ; j'ai faim ; la nourriture de l'hospice me déplaît ; en sorte que je ne me nourris pratiquement que de thé, de beurre, de sucre. (p. 42)
Ma solitude acceptée comme une fatalité, comme le revers d'une incroyable liberté, je ferme les yeux, et je reste des heures entières adorant l'Univers, la Lumière. De temps à autre, je me prépare du thé, j'allume un petit feu ; j'ai ma tasse dans l'herbe, à côté du Veda et des Upanishads. (p. 168)
Ma chemise jetée sur ma tête me protège à peine de la violence du jour (...) Je passe soudain, dans un état d'indicible joie, à une prodigieuse existence au cœur de l'Energie Universelle : puis je reviens à ma présente vie solitaire, sans amour ; je bois du thé, je mange un peu de pain ; ainsi passent les heures, jusqu'au soir délicieux. (p. 168)
Domme ou l'essai d'occupation, coll. Les Cahiers rouges, Grasset, 1997 (réédition).
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