20 juillet 2005

Gaston

1487 : l’alarme est désactivée ; 1540 : la serrure magnétique libère la porte. Quand je pénètre sur le palier, l’interrupteur à détection cellulaire allume le plafonnier. Gestes habituels du célibataire, quelques légumes froids dans le frigo, une sauce salade au bleu. Mélanger. Manger debout. Machinalement je connecte l’ordinateur. Il balaye les adresses électroniques, d.vandemelk@berghezeele.fr et les autres. Il y a bien quelques messages marqués urgents, mais rien de sérieux, la nième pétition contre le coup d’Etat au Khemed, un coup de gueule contre les conséquences du naufrage du Ramona, une campagne contre la couche d’ozone - ah bon, moi je serai plutôt pour. Et ainsi de suite. La télé, son coupé, éclaire le studio d’une lumière vacillante. Je zappe machinalement. Rien.
J’appelle le serveur vocal, 08 36 68 04 33. Une voix numérisée et néanmoins charmante me suggère d’appuyer sur la touche *, de choisir un cinéma en tapant le 1, le 2 ou le 3 et une autre voix tout aussi charmante, bien qu’androïde, m’énumére les sept films que nous vous proposons du mercredi 9 au mardi 15. Tiens, Wenders. La solitude du gardien de but au moment du pénalty. Faut revoir ça, réminiscence d'une jeunesse passée au fil du temps…
Aller au cinéma, oui, mais il ne faudrait pas que je loupe une communication, aussi j’effectue un transfert d’appel de la ligne de la maison vers le téléphone mobile *21* 06 08 78 47 48#. J’en ai profité pour vérifier que dans le mobile il y avait bien ma carte personnelle en tapant son code d’accès 3024# et, par acquis de conscience, j’ai appelé la messagerie du bureau. Comme c’est une communication professionnelle, je suis passé par le serveur 3610 d’une carte France Télécom liée à un de mes numéros-boulot 3610 208 876 927 7854 qui m’a permis, en me guidant d’une voix gynoïde toujours aussi charmante (une voix brunoïde, peut-être ?), de contacter la messagerie 06 07 07 08 24# - 06 08 24 67 34# - 3024# sur laquelle grâce à une autre voix (est-elle blonde celle-ci ?) j’ai été informé que vous n’avez aucun nouveau message. Il faudra que je change le code de la deuxième carte, un de ces jours je vais confondre boulot avec perso.
Devant le cinéma, il y a un automate bancaire. J’ai introduit ma carte de crédit, tapé mon code confidentiel 7538+VALID et demandé 400 Francs, sans ticket de transaction, merci. Je n’aime pas me balader sans argent sur moi.
La fille du cinéma m’a dit bonsoir, j’ai bougonné, tout ce que je lui demande c’est d’introduire dans le lecteur ma carte privilège et de taper sur le clavier le numéro de la salle et le nombre de place à débiter. Une place, une, c’est facile à compter, non ? Avant de rentrer dans la salle, j’ai déconnecté le portable, les communications seront réorientée vers la messagerie. Si quelqu’un m’appelle, tant pis pour lui, je n’aurais son message qu’en sortant d’ici. J’ai bien le droit de respirer un peu une fois de temps en temps.
Plus tard, en sortant de la salle, j’ai retapé sur le clavier du portable le numéro de ma carte 3024#. L’indicateur de présence de message ne s’est pas allumé. Peut-être n’y avait-il rien. A tout hasard j’ai quand même appelé la messagerie. Vous n’avez aucun nouveau message.
En rentrant j’ai dû m’arrêter pour prendre de l’essence. Sur le parking désert d’un hypermarché j’ai trouvé un automate 7/7, 24/24. J’ai introduit la carte de crédit, tapé l’habituel 7538+VALID, choisi gazole, récupéré la carte et fait le plein. Arrivé à la maison j’ai tapé le code de sécurité 1487, pour déconnecter l’alarme et la télésurveillance avant de rentrer. J’ai repris la main sur la ligne fixe (#21#), je suis passé dans le bureau pour jeter à tout hasard un coup d’œil au fax.
Pour me réveiller à temps tout à l’heure, j’ai fait le *55* et j’ai tapé O745#.
Et puis je suis allé me coucher. Le portable est resté dans la poche de ma robe de chambre. Si quelqu’un veut me joindre, on sait où me trouver.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

A mon avis, depuis le passage à l'euro, ça n'a pas dû s'arranger pour l'ami Gaston.