26 septembre 1992

Echos II

Comme une nouvelle rémanence du voyage, Dalva se manifeste à France Culture. Elle nous appelle à Paris. Et on the road again.
C’est avec Cléo et Gérard T. que nous allons écouter Dalva et son grand-père nous parler de l’Amérique.

DALVA
DE JIM HARRISON
MISE EN SCENE
ET ADAPTATION
GARANCE
avec Philippe Polet et Garance
du 16 septembre au 11 octobre 1992
THEATRE DU CHAUDRON
CARTOUCHERIE
Route du champ de Vincennes Paris 12°

ERRANCE
Je marche du côté de Bercy, j’erre par les Halles, me retrouve à Château Rouge. Ceux que je croise sont blacks, blancs, beurs, bagarreurs ou flâneurs, tagueurs, rappeurs, badauds, clodos…
Ce pourrait être New York que j’aime et que je hais. New York démesurée, rapace et généreuse, si laide qu’elle en est belle.
Dalva est près de moi, de nous, je l’accompagne dans son errance… New York, Los Angeles, le Michigan, la France, l’Angleterre, le Mexique, le Brésil et puis de nouveau le Nebraska d’où elle vient.
Si je tirais un trait, une ligne droite traverserait l’Amérique d’est en ouest ; elle partirait de New York, passerait par le Nebraska, Sioux City jusqu’à Sacramento, Californie.
Quand on approche du domaine du grand-père de Dalva en Nebraska, on longe ce qu’on croit être une forêt. Tous les arbres ont été plantés par l’arrière-grand-père Northridge pour créer des coupe-vents, des abris contre les bourrasques des plaines. Il y a des rangées de pins, de baies de buffle, d’oliviers russes, des pruniers sauvages, des pommiers épineux et des saules. Plus au centre, de grands frênes verts, des ormes blancs, des érables argentés. A l’intérieur des couronnes délimitées par les arbres se trouvent les champs, les étangs, une rivière et, au cœur du sanctuaire, la ferme originelle.
C’est là que grandit Dalva.
Elle rencontre Duane, un jeune indien. Ils ont tous les deux quinze ans. « J’étais mouillée après ce baptême dans la rivière, il était sec et brûlant, son haleine sentait l’odeur aigre du vin de prune sauvage, le parfum sûri des fruits mûrs, la terre et les brindilles collaient à notre peau, le petit cercle de lumière au sommet du tipi tombait sur mes yeux. Je ne croyais pas que j’irais jusque là. »
A un siècle de distance elle croise les chemins de son aïeul, lui aussi uni à une indienne : ils se heurtent aux mêmes interdits, connaissent les mêmes passions, les mêmes révoltes, les mêmes espoirs.
Il était une fois une femme.
Mais le temps se dédouble dans cette histoire — dans l’Histoire ? — où rien ne saurait advenir qu’une fois.
L’homme de la première génération, le pionnier, a déjà écrit le récit que son arrière-petite-fille, la jeune femme d’aujourd’hui, dans l’apprentissage de sa liberté, ne peut faire autrement que reprendre.
De la fondation du mythe à son déclin court le fil de sang qui a commencé de se tisser avec le premier indien tué, fermant la porte de l’Eden.
Et la somme de toutes les fois, de tous les destins qui par delà la mort, les massacres les rivalités, les épreuves dans la paix ou la guerre, se répondent et se croisent, cela compose un pays : l’Amérique.

07 septembre 1992

Echos

Le voyage ne cesse de résonner. Des échos se font entendre à la radio, au cinéma, dans les livres, au théâtre.
Tony Hillerman le premier se rappelle à nous : son roman The dark wind a été adapté au cinéma . Il passe dans une salle confidentielle du quartier latin, à Paris.
Le lundi de la braderie lilloise produit des effets jusqu’à Dunkerque, et le travail à peine repris s’interrompt déjà pour nous permettre d’aller par le cinéma jusqu’en Arizona avec Jim Chee, le policier navajo traditionnaliste et Joe Leaphorn le lieutenant de la police tribale.