30 juillet 1992

Trop crevé pour écrire.

3:00 pm. Trop crevé pour écrire.
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Ce matin, lever au bord de ce lac, petit déjeuner avec saucisses BBQ, parmi les chipmunks, les colibris, les lapins, les écureuils… Nous faisons lentement les bagages, la tente demande à sécher un moment au soleil avant qu’il soit possible de la plier. Françoise, inspirée par la puissance du paysage montagneux, s’essaie à l’aquarelle, mais butte sur des difficultés techniques et abandonne momentanément. Et O.t.r.a.…
Sitôt revenus sur l’US50, la grand route, le paysage change à nouveau, nettement moins désertique. Ranches au bord de la route, jusqu’à Monrose où nous achetons des pinceaux pour les aquarelles de Françoise, des timbres pour tous les projets de cartes postales et une salade composée dans le salad bar du magnifique (eh oui !) supermarché de la ville. La chaleur est étouffante.
La route atteint ensuite une nouvelle chaîne de montagnes — Monrose est sur une sorte de plaine d’altitude, et les pentes s’escarpent, se couvrent de résineux, les aspens régressent. Nous passons entre des rochers rouges et stratifiés, des couleurs font contraste avec le vert profond des résineux. Le moindre col est à plus de 3000 mètres. Plusieurs fois nous franchissons, dans un sens ou dans un autre, la ligne de niveau des 10 000 feet, comme en attestent les panneaux du bord de route. Nous traversons plusieurs stations consacrées au ski. La chaleur est éprouvante et la respiration courte.

*

Arrêt dans un minuscule village — Rico — un restaurant de passage. La waiterness est étonnante de vitalité, elle et nous formons un drôle de contraste. Nous avons à peine l’énergie de rédiger quelques cartes postales. Ensuite la journée s’étire, nous parcourons trente cinq kilomètres de piste gravelée, à petite vitesse, pour ne jamais découvrir le confortable camping convoité. Au détour d’un virage, un homme et son fils, en pleine forêt, remplissent des jerricans à une source. A tout instant des chipmunks semblent jaillir de sous les roue de la voiture.
Après quelques allers et retours dans la poussière, nous finissons par trouver un minuscule camping d’Etat, caché au fond d’une vallée d’altitude encaissée, tout au bord d’un torrent à truites. Au moment où nous le trouvons, le soleil se couche à travers les arbres. Nous sommes soulagés d’avoir retrouvé une vraie route, même si elle n’est encore qu’en construction. Sept ou huit campements, pour les deux tiers occupés par des pêcheurs, les autres par des voyageurs, des itinérants de notre genre, mais équipés, eux, de camping-cars — parfois nous croisons de ces attelages immenses qui remorquent une petite voiture japonaise, solution idéale à la question de la mobilité après l’établissement du campement.
Le camp est dirigé par un volontaire de l’USFS (?) qui nous explique comment aller à Mesa Verde et où y dormir.
La soirée passe vite : la tente montée, quelques corn flakes, un p’tit tour au bord de la rivière et déjà il fait noir.

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