31 juillet 1992

Des bottes à talons et des chapeaux de cowboy

Après un réveil dans la rosée, sitôt levés, sitôt partis mais l’altitude persiste à me faire un effet désagréable. Le sentiment d’opppression est permanent, mon souffle reste court. Le gardien du camp m’a montré tout à l’heure la cicatrice de son pontage et m’a expliqué avec des gestes expressifs que si je veux connaître mes cinquante ans il faut cracher la junk food et passer aux céréales et aux crudités. J’ai pâli au fur et à mesure de la démonstration, à en croire Françoise.
Humeur quelque peu remise d’aplomb, sinon la santé, lorsqu’au bord de la route, à Dolores, nous trouvons un soldeur de jeans : quatre chemises western et un jean pour moins de 400 francs, qui dit mieux ?
Devant la banque où nous allons chercher des $US, deux couples bavardent. Les hommes, âgés, portent des jeans étroits, des chemises à carreaux, des bottes à talons et des chapeaux de cowboy. Ils sont grands et minces, mais, perclus d’arthrite, ils se meuvent lentement, dans la douleur.
Plus tard, nous faisons un arrêt à Cortez, pour trouver un salad bar : nous faisons trois supermarchés avant d’en trouver un avec de la fresh food. Pique nique dans un site immense et vide, des tables sont abritées par de grands panneaux de bois mais, avec l’aide du vent chaud, la fine poussière du désert pénètre partout.
Après Cortez nous parvenons au National Park de Mesa Verde et installons notre camp à Morefield Village : laundry, showers, gifts, food 12 etc. $8 la nuit.
Le paysage est fabuleux, aride et vert, abrupt et doux. Il y a des biches partout. Aujourd’hui, visite globale du parc (une boucle de trente ou quarante kilomètres), on laisse les musées et l’archéologie pour demain. Je suis tellement essoufflé que j’apprécie de simplement rester assis dans un bar à air conditionné, avec heureusement une far view comme je n’en ai jamais vu, même dans les Alpes, à 3 700 mètres. Ici, nous sommes entre 2 500 et 3 200 mètres avec le climat du Sahara. Quand la chaleur retombe un peu, c’est l’heure de la douche, puis celle de monter la tente et de griller quelques saucisses sur le BBQ…
On va voir à 9:00 (pour une fois on se couche tard ! ) un montage audiovisuel en plein air sur l’histoire de la découverte de Mesa Verde. Tout ce que j’ai pu comprendre c’est que des gars du pays qui avaient perdu leurs vaches sont montés jusqu’ici et que depuis 1905 c’est le premier National Park américain. Mais il fait trop froid, nous sommes trop fatigués et nous comprenons trop peu de choses alors nous allons nous coucher. Décision est prise de rester à Mesa Verde au moins deux nuits.

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