Notes très brèves, avant de partir d’un camp au bord du Lake Powell. Nous avons quitté l’Econo Lodge de Winslow en milieu de matinée, direction Flagstaff, avec passage express par un gigantesque cratère météorique annexé par la Nasa : voleurs ! Ce lieu a servi de site pour l’entraînement des astronautes des missions Apollo. Il est donc devenu un Monument Naturel Dédié à la Grandeur Américaine Avec Musée Et Visite Guidée et commémore les derniers avatars de la frontière. Malgré la bonne humeur obligatoire dans la célébration du mythe, nous refusons de donner $6 chacun pour communier et n’achetons même pas un T-shirt. L’arrogance et l’impérialisme américains refont brutalement surface dans nos consciences européennes. Arrrgh !
D’après le Bureau du recensement américain, la frontière correspond à une zone de peuplement dans laquelle la densité est supérieure à deux habitants et inférieure à six habitants par mile carré. C’est pourquoi il fut décidé officiellement en 1890 que la frontière avait disparu aux Etats-Unis. La frontière n’a pas cessé de se déplacer du début du XVIIe siècle à la fin du XIXe. Elle n’a jamais formé une ligne continue : les avancées, les redans, les enclaves ont été courants (…). Cette progression vers l’ouest a profondément marqué l’histoire des Etats-Unis et comporte de multiples significations (…). Aussi l’Amérique subit-elle un choc quand elle apprend que la frontière a cessé d’exister (…). A moins que la lutte contre les inégalités sociales et le sous-développement économique ne constitue à son tour de “nouvelles frontières” comme le suggérait le président John F. Kennedy en 1960. Cessant d’être une réalité, la frontière devient un mythe qui symbolise le rêve américain des espaces immenses et de la liberté. Peut-être la conquête de l’espace a-t-elle représenté aussi une nouvelle frontière.
Dans le mall de Flagstaff, achats de vêtements, développement de photos. Passage à l’aéroport pour contacter l’agence Hertz et lui demander de prévenir Denver que nous prolongeons la location de la voiture d’une semaine.
Joe se glissa sous les couvertures près d’Astrid. Il alluma la radio posée sur la table de chevet. Un homme décrivait sa visite au grand centre commercial d’Edmonton, en Alberta. Allongé bien au chaud avec Astrid, Joe réfléchit à ce centre commercial. L’homme ne parvenait pas à expliquer clairement au public la taille de ce centre immense. Dans un magasin du complexe, il avait choisi une chemise qui lui plaisait. Puis il était ressorti de ce magasin pour s’assurer qu’il n’y avait pas une autre chemise, dans un autre magasin, dans une autre partie du centre commercial, qu’il aurait préféré à la première. Il porta finalement son choix sur ce premier vêtement, une chemise bleue de coupe western, pourvue de boutons-pression, qu’il préféra à toutes les autres chemises, dont beaucoup étaient certes épatantes —mais chacun son goût, n’est-ce pas ! Le grand centre commercial d’Edmonton, en Alberta, était néanmoins si vaste, si labyrinthique, qu’il ne réussit jamais à retrouver ce premier magasin qui vendait sa chemise préférée. Question du public : un centre commercial peut-il vraiment être trop merveilleux, trop immense ? Et surtout, est-ce que le grand centre commercial d’Edmonton, en Alberta, dépasse nos espoirs au point de ne plus pouvoir nous satisfaire ? Restez à l’écoute.
Joe et Astrid dormaient.
La route serpente entre des cuestas rouges pour arriver au Lake Powell. La région est touristique, nous trouvons néanmoins un camp très fréquenté mais bien agencé, $ 7, paysage merveilleux. La tente montée, le feu allumé, les voyageurs fourbus s’allongent dans la douceur du soir.
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